Préparation des images

Entre le « développement » des photos numériques et leur intégration dans une mise en page, tout un travail de corrections, d’ajustements et de sublimation est nécessaire. Ces opérations relèvent du métier de photographe, mais également de celui de photograveur. Il n’entre pas dans les intentions de cet ouvrage de les expliciter en détail. Nous ne nous intéressons ici seulement à trois aspects du traitement des images qui affectent singulièrement le résultat imprimé : la compression des images, leur résolution et leur netteté.

Format d’image et compression
Le format JPEG (.jpg) est largement utilisé pour la photographie grand public, mais aussi pour l’échange d’images destinées à l’impression. Son grand avantage est qu’il est doté d’algorithmes de compression. Les fichiers enregistrés en JPEG occupent donc moins d’espace que s’ils le sont en TIFF (.tif) ou au format Photoshop (.psd). L’inconvénient étant que, pour compresser les images, le JPEG détruit une partie de leurs informations chromatiques.
Il existe plusieurs niveaux de qualité disponibles dans les logiciels de traitement d’image ou directement dans les paramétrages d’exportation des appareils photo numériques. Chacun de ces niveaux propose un ratio de compression inversement proportionnel à la qualité subsistante des images après décompression. Il n’existe pas de normes concernant l’échelle de ces niveaux. Celle-ci rend compte des 2 tables de quantification utilisées lors de la compression et qui comprennent chacune 64 valeurs. Dans Photoshop les niveaux sont numérotés de 0 (compression maximale) à 12 (qualité maximale), mais cette gradation de qualité ne peut pas être directement comparée à celle d’autres logiciels. Retenez que pour une image destinée à l’impression professionnelle, la sélection de la plus haute qualité est toujours préférable au détriment naturellement du taux de compression.

compression jpeg

La compression JPEG détruit systématiquement une partie des informations chromatiques de l’image. La compression de qualité maximale du JPEG détruit dans un premier temps des informations auxquelles l’oeil humain n’est pas ou peu sensible, mais, répétées un grand nombre de fois, ces dégradations deviennent de plus en plus visibles. Pour cette raison, le format JPEG ne doit pas être utilisé comme format de travail sur les images. Il ne peut s’agir que d’un format d’échange ou d’archivage. C’est en ce sens qu’il a été adopté comme l’un des algorithmes de compression du PDF autorisés par les normes ISO 15930 (PDF/X), l’autre étant le ZIP qui est un algorithme non destructif.
Comme format de travail ou d’échange d’images haute résolution entre les logiciels, préférez le format TIFF sans compression.

La résolution des images.
Il n’existe pas de norme en matière de résolution des images destinées à l’impression offset. Pourtant le nombre de pixels présents dans l’image influe sur le résultat imprimé. Pas assez de pixels, et l’image sera… pixélisée. Trop de pixels, et l’image sera floue. Il est vrai cependant que nous ne sommes pas à quelques pixels par pouce près, point n’est besoin d’une très grande précision.
Si l’image ne comporte pas assez de pixels en regard de ses dimensions imprimées, la taille effective des dits pixels une fois imprimés sera trop importante et ils se verront à l’oeil nu. Cela entraine un effet de mosaïque appelé pixelisation. En revanche, si l’image contient trop de pixels, toujours en regard de sa taille une fois imprimée, ce sont les algorithmes de tramage du RIP qui se chargeront du sous-échantillonnage. Or cela n’entre pas dans les compétences d’un RIP, aussi les images seront-elles floues une fois imprimées.

echantillonnage image prepresse

Pour un logiciel professionnel réduire l’échantillonnage une image ne pose aucun problème technique. En revanche, la suréchantillonner est extrêmement compliqué, car il est très difficile d’inventer des pixels à partir de rien. Dans la mesure où les images pourront toujours faire l’objet d’un sous-échantillonnage lors de la génération du PDF, il vaut mieux, lors de la mise en page, disposer d’images sur-dimensionnées que sous-dimensionnées.

L’habitude du métier en France est de parler des résolutions selon les mesures anglo-saxonnes en nombre de points ou de lignes par inch, soit en dpi (dot per inch) et en lpi (lignes per inch. En français on préférera parler de points par pouce (ppp) et de lignes par pouce (lpp). L’ISO adopte en revanche le système métrique et, lorsqu’elle évoque ces notions, le fait en points par centimètre (p/cm) et en lignes par centimètre (l/cm)

Traditionnellement on retient la valeur de 300  ppp (120 p/cm) comme résolution standard d’une image à imprimer en offset en trame traditionnelle. Cette valeur correspond à deux fois la linéature de trame de 150 lpp. Les formules exactes retenues par les fabricants de scanner aux temps héroïques de la photogravure numérique étaient de deux fois la linéature de la trame si celle-ci était inférieure ou égale à 133 lpi et d’une fois et demi la linéature si celle-ci était supérieure à 133 lpi. À charge pour le photograveur de l’époque d’adopter une résolution supérieure dans le cas où l’image comportait des motifs géométriques susceptibles de provoquer des «  effets d’escalier  ». On peut donc considérer que 225  ppp est une résolution optimale pour une trame de 150 lpp et que 300  ppp est adapté à une linéature de 200 lpp. Ces valeurs ne doivent pas être dépassées de plus de 50  % au risque de rendre l’image imprimée floue. Aussi, adopter une résolution générale de 300  ppp est un compromis acceptable lorsque l’on prépare les images dans la mesure où l’imprimeur aura toujours loisir de les sous-échantillonner s’il s’avère que la linéature retenue est inférieure à 133 lpp.
Notez enfin qu’en trame stochastique (aléatoire ou FM pour Frequency Modulation) une résolution moindre est suffisante, la formule retenue par le guide allemand du PSO est de 1 pixel pour 5 points du plus petit diamètre de la trame. Une résolution située entre 220 et 260  ppp convient donc à ce type de trame.
Toutes ces mesures sont naturellement valables pour une impression à tel (100  %) de l’image et doivent donc être réajustées si le format de l’image est réduit ou agrandi lors de la mise en page.
Une solution productive en prépresse consiste à normaliser toutes ses images en 350  ppp, ce qui laisse loisir de les agrandir ou de les réduire lors de la mise en page. Les images pourront être normalisées à 300pp lors de la génération du fichier PDF, et l’imprimeur ajustera éventuellement la résolution selon la trame retenue avant la confection des plaques.

Netteté des images
Paramètre subtil s’il en est, la netteté d’une image influe énormément sur la qualité de son rendu une fois imprimée. Il n’est ici question que de netteté électronique, et non pas de la netteté intrinsèque de l’image due aux qualités des objectifs et au talent du photographe.
La netteté (ou sharpness) est probablement l’un des critères de qualité qui fait le plus défaut depuis la généralisation de la prise de vue numérique et le déclin des ateliers de photogravure qui en est résulté. L’application d’un facteur de netteté était en effet une des tâches systématiquement réalisées lorsque l’on scannait une image.
Les filtres de netteté utilisés par les scanners de l’époque et les logiciels professionnels de traitement des images d’aujourd’hui, reproduisent l’application, en photographie et en photogravure traditionnelle, d’un «  masque flou  » (USM pour unsharp mask en anglais). Il s’agit dans un premier temps de dupliquer l’image, puis de flouter sa copie (d’où l’appellation paradoxale de masque flou). Dans un second temps, on soustrait la copie floue à l’original ce qui produit un filtre de netteté qu’il suffit alors d’appliquer à l’image originale. Cela a pour effet de renforcer les contrastes sur les lignes de rupture de l’image. De fait, des pixels plus clairs ou plus foncés se substituent aux pixels originaux sur les lignes de contraste de l’image.

USM unsharp mask
USM unsharp mask
USM unsharp mask
USM unsharp mask

Le calcul de l’USM ne peut être réalisé qu’à tel, sur une image, correctement échantillonnée, devant être imprimée à 100  %. Cela ne posait aucun problème au  photograveur traditionnel qui calculait le facteur d’échelle de l’image au moment du scann puis produisait directement un film. C’est devenu en revanche particulièrement difficile à planifier dans nos flux de production modernes.
Le photographe ou le graphiste génèrent en général leurs images sans tenir compte de leurs dimensions imprimées finales, et pour cause, dans la majorité des cas de figure, ils ignorent cette information. Lors de la mise en page, l’image est souvent recadrée, agrandie ou réduite. Ce n’est qu’au moment de la génération du PDF que l’image est considérée dans ses dimensions réelles et définitives et sous-échantillonnée en fonction de celles-ci. Cela veut dire que l’USM ne peut s’appliquer efficacement que sur les images déjà contenues dans le PDF. C’est donc selon nous à l’imprimeur de se charger de cette tâche, lui qui connaît les paramètres de la trame utilisée par son RIP et qui donc est le mieux à même de jauger le meilleur facteur d’USM à appliquer.
Car l’application d’un facteur de netteté se doit d’être raisonnée. Trop faible et l’image imprimée apparaitra floue, du fait du sous-échantillonnage et du tramage. Trop fort et l’image présentera des lignes de rupture non naturelles. Pour cette raison, un filtre USM ne doit pas être appliqué à une image ayant déjà subi un tel traitement. Or il n’existe pas (encore) de balise PDF pour informer logiciel et opérateur si oui ou non la netteté a été optimisée pour l’impression. Ajoutons qu’une image belle et nette affichée à 100  % sur un moniteur ne le sera pas assez une fois tramée et imprimée, alors qu’une image correctement préparée à son impression fera peur à son créateur s’il la visualise à l’écran à 100  %. Un bon réflexe est de toujours visualiser les images sur un moniteur en les affichant à 50  %, ce paramètre permet au mieux d’appréhender en amont la netteté d’une image imprimée. Notez que le facteur netteté explique pourquoi l’épreuve contractuelle doit simuler les caractéristiques de la trame traditionnelle utilisée lors de l’impression finale, car ce sont elles qui sont déterminantes pour le dosage optimal d’USM .

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