Caractérisation des presses offset

Optimiser l’impression d’une presse selon l’ISO 12647-2, passe par sa caractérisation sur différents types de papier. Les profils ICC qui en résultent modélisent le rendu colorimétrique des encres sur ces derniers et serviront à adapter en amont les fichiers graphiques aux conditions de leur impression.

La génération des profils est aussi matière à des choix de photogravure (courbe du Noir, total maximal de l’encrage…). Le rendu final sera le fruit de la précision de la caractérisation, de la qualité du profil ICC généré, et des propriétés du système de concordance des couleurs (Color Matching System). Ces trois facteurs, qui préparent à l’impression scientifique moderne, doivent s’appréhender de conserve, car ils interagissent entre eux. Correctement mis en oeuvre, ils constituent pour l’imprimeur un formidable outil productif au service de la qualité.

La caractérisation
Le principe mis en oeuvre pour caractériser une presse offset est le même que pour tout autre système d’impression. Il s’agit d’imprimer une charte de couleurs, d’en mesurer les échantillons et d’en déduire le profil selon les spécifications de l’ICC.
La principale différence entre la caractérisation d’une presse offset et celle d’une imprimante réside dans la prise en compte des variations de densité qui distinguent la technologie de l’impression offset.
Quelle que soit la précision de la presse et le professionnalisme du conducteur, l’impression offset est sujette à des écarts de densité. Ceux-ci se manifestent à la fois dans l’espace (sur la surface de l’impression) et dans le temps (au cours du tirage). Cette instabilité, inhérente à la technologie, explique les tolérances relativement indulgentes de l’ISO 12647-2 en matière de colorimétrie. Les oscillations de densité se traduisent donc bien entendu en variations colorimétriques d’une charte de caractérisation imprimée à l’autre et de bout en bout de la charte elle-même.

Dès lors, comment tenir compte de ses variations lors de la caractérisation et obtenir un profil représentatif du procès d’impression ?
En la matière, deux écoles s’opposent.
L’une prévoit d’imprimer un nombre significatif de chartes, et d’en moyenner les mesures. L’autre imprime la meilleure charte qui soit, celle dont la colorimétrie s’approche au plus juste de la norme à respecter, puis caractérise la presse selon son analyse.

Pour trancher ce débat, ou plus modestement se faire un avis sur la question, il est important de considérer comment, en pratique, se conduit une presse offset.
Comme un voyageur automobile, l’imprimeur moderne dispose d’une feuille de route et d’une machine pourvue d’un tableau de bord.
La direction (le cap) est fixée par l’épreuve contractuelle certifiée qu’il s’agit de reproduire. La feuille de route mentionne également les densités optimales à respecter, c’est-à-dire la charge d’encre qui doit se déposer sur le papier pour atteindre ce but. Les densités effectives sont affichées en temps réel par l’écran de contrôle de la presse à l’instar du tableau de bord d’une automobile qui indique sa vitesse.
Le profil ICC, établi lors de la caractérisation de la presse, est un outil de précision utilisé par le service prépresse pour préparer la forme imprimante au tirage normalisé, un peu comme un mécanicien préparerait une automobile pour un rallye.

La question est donc de savoir pour quelle vitesse ce mécanicien doit optimiser le véhicule. S’il prévoit une vitesse de croisière par exemple de 100 km/h, il peut sembler judicieux d’adopter cette valeur, sachant qu’en réalité l’auto roulera tantôt plus vite, tantôt moins vite selon les aléas du voyage.
Le mécanicien répondrait probablement que tout dépend du type de trajet. On ne prépare pas une voiture de la même façon pour une course de côte que pour les 24 h du Mans.

Il en va de même en offset. Demandez-vous en quoi la moyenne des densités constatée lors de l’impression d’une charte de couleurs est représentative des aléas du quotidien de la presse ? La diversité des échantillons colorés de la charte n’est caractéristique que de l’espace chromatique de l’impression, en rien du type de documents qui s’imprimeront calage après calage. Or c’est bien la nature de ces documents qui va déterminer le caractère des variations constatées pendant le tirage et qui, dans notre métaphore, peut être comparée aux particularités du trajet qui déterminent, in fine, la vitesse de croisière du véhicule.
D’ailleurs, si le profil est optimisé pour une valeur moyenne de densité, cela veut dire que, lorsque les densités mesurées sur les échantillons de la gamme de contrôle se rapprochent au plus près de la norme, en pratique le rendu colorimétrique du document s’éloigne de celui de l’épreuve certifiée. Car dans ce cas et pour le profil, le meilleur rendu possible a été calculé selon des valeurs de densité différentes des optimums de la presse (puisque moyennées). De quoi rendre schizophrène le meilleur des imprimeurs !
Puisque l’épreuve certifiée est l’objectif à atteindre pour le conducteur de la presse, les plaques offsets doivent être optimisées pour celui-ci. C’est autour des valeurs colorimétriques de l’épreuve que doivent osciller au plus près les valeurs colorimétriques de l’impression. À charge pour le conducteur de tenir au mieux le tirage, comme un navigateur tient bon la barre pour maintenir son cap.
Cela étant, en pratique, sur une presse moderne, parfaitement réglée et conduite par un professionnel expérimenté, la moyenne des densités constatées sur un nombre significatif de chartes, devrait être très proche de l’optimum de la norme, ce qui relativise quelque peu ce débat. Le plus important étant que, d’un bout à l’autre d’une même charte, les écarts de densité soient les plus fins possible de façon à préserver la cohérence des mesures.

Le profilage
La qualité du profil ICC issu de la caractérisation est essentielle à la précision des conversions colorimétriques. Cela, indépendamment des méthodes de caractérisation et de conversion utilisées. Cette qualité intrinsèque dépend essentiellement du logiciel de création de profil et, dans une moindre mesure, des paramètres adoptés lors de la création du profil.

Le technicien aura notamment à décider des propriétés de génération du Noir : nature de la courbe UCR ou GCR, ses points de départ et d’arrivée et le total d’encrage maximum .
L’UCR (Under Color Removal) et le GCR (Gray Component Replacement) sont deux techniques de séparation quadrichromique.  L’UCR, que l’on traduit en français par « Retrait de sous couleur », consiste à remplacer les gris sombres CMJ d’une image par du Noir. Le GCR, dont la traduction littérale est « Remplacement de la composante grise des couleurs », affecte l’ensemble des tonalités d’une image en remplaçant la part achromatique de la couleur (la part de CMJ sensiblement à égalité) par du Noir.
Les avantages de ce type de séparation sont multiples pour l’imprimeur :
– économie d’encre (l’encre noire est moins chère que l’encre de couleur) ;
– balance des gris plus facile à obtenir (l’encre noire y tient un plus grand rôle au détriment de l’équilibre des trois autres) ;
– calage plus rapide ;
– stabilité du tirage.

Ces procédés sont cependant à manier avec précautions, car ils affectent sensiblement le rendu des couleurs selon le papier utilisé.
Vus sous l’angle de la colorimétrie, l’UCR comme le GCR ne sont pas sans défauts. Les deux procèdent de la génération traditionnelle d’une courbe du Noir. Qui dit courbe, dit compromis chromatique. Une certaine séparation sera adaptée à un type d’image, mais pas à un autre. Dans une même image, un réglage de la courbe du Noir pourra convenir à certains tons, mais n’être que peu approprié pour d’autres.

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