Les vrais enjeux de la certification PSO

Ce témoignage, écrit par Frédérik Le Corre, directeur général de Grafik Plus, imprimeur certifié PSO à Rosny-sous-Bois, est extrait de Print Info n° 23, la revue du Groupement des Métiers de l’Imprimerie (GMI).

 

Avant PSO – une histoire vraie

9h. J’attends le client qui doit venir pour un calage. Je suis un peu anxieux, d’habitude ça ne se passe pas très bien… On a beaucoup de mal à se rapprocher de ses cromalins.
9h15. Le client est arrivé, et comme d’habitude il a apporté avec lui des cromalins très flatteurs, aux couleurs éclatantes… On imprime sur du couché brillant, et pourtant, impossible d’avoir le même rendu…
9h45. On vient de baisser à nouveau le bleu… Rien à faire, pas assez de rouge, trop de jaune, et le client n’a toujours pas signé le BAT…
10h30. On vient de remettre du bleu, ou du rouge, je ne sais plus… En tout cas, on n’a pas encore commencé à rouler, et je vais prendre du retard sur la suite du planning…
11h45. C’est la troisième fois que le client m’affirme qu’il n’a jamais de problème chez un autre imprimeur, qui est PSO…Il m’agace !  En attendant, toujours pas de BAT…
Cela vous rappelle quelque chose ? Vous pensez vous aussi que le client raconte n’importe quoi ? Que l’autre imprimeur a les mêmes problèmes que vous et moi ? Et puis d’abord, c’est quoi ce PSO ?… Un remède miracle ? Moi aussi je suis PSO ! Pas Sûr d’Obtenir ce que veut le client !

 

On vous cache quelque chose !

Depuis environ un an, vous avez dû entendre de plus en plus parler d’ISO 12647, parfois de PSO, de Fogra, d’Ugra, de certification, d’audit, de diagnostic… Tout le monde a l’air d’accord sur le fait que c’est indispensable, que tout imprimeur (ou agence) qui se respecte devrait être certifié(e)… Que cela permet de réduire les coûts, de gagner du temps, d’augmenter la satisfaction de ses clients…
Mais alors, pourquoi sur le site de l’Ugra (www.ugra.ch), organisme certificateur basé en Suisse, n’y a-t-il que [quarante] imprimeurs certifiés dans toute la France, depuis novembre 2007, soit à peine un par trimestre en moyenne ? Et seulement une [centaine] dans le monde entier ? Cela cache quelque chose… On n’a pas dû tout vous dire ! Ah tiens, il y a aussi des imprimeurs certifiés en Chine, en Thaïlande, aux Philippines, à Singapour, mais gardons cela pour plus tard…

 

Petit rappel de colorimétrie

Avant de commencer à parler de PSO (d’ailleurs, je ne vous ai toujours pas dit ce que cela signifiait…), retour sur quelques notions de colorimétrie.
Ingrédients : un appareil photo numérique, un imprimeur, du papier couché brillant, du papier offset, une Ferrari rouge.
Prendre une photo de la Ferrari. Ouvrir la photo dans Photoshop. Comme il s’agit d’une image RVB, la convertir en CMJN. Donner le fichier à l’imprimeur pour qu’il reproduise la photo sur du papier couché brillant puis sur du papier offset. Comparez le résultat sur les deux papiers.
Comme vous pouvez vous en douter, le rouge n’aura pas le même rendu sur les deux papiers.
Par contre, là où ça commence à devenir intéressant, c’est qu’en modifiant les valeurs CMJN du rouge sur le papier offset, on peut se rapprocher du rouge d’origine. Attention, je n’ai pas dit qu’on aurait le même rouge, juste un rouge « moins pire » que celui obtenu en gardant les mêmes valeurs que pour le couché brillant. Par exemple, la conversion RVB vers CMJN nous donne 100% de magenta et 100% de jaune pour du papier couché brillant. Pour avoir le meilleur rendu possible sur du papier offset, c’est-à-dire le rouge le plus proche du rouge d’origine, il faut 95% de magenta et 80% de jaune.
Ainsi, on se rend compte qu’une même couleur RVB peut avoir des séparations CMJN différentes en fonction du papier sur lequel on l’imprime. Et voici la grande question qui va mettre votre cerveau en ébullition : si je vous donne une teinte constituée de 95% de magenta et de 80% de jaune, pouvez-vous me dire à quelle couleur cela correspond ? Si vous répondez « grosso modo du rouge, mais tout dépend du papier sur lequel on imprime et de l’éclairage sous lequel on regarde la couleur », alors vous êtes devenu un maître en colorimétrie. Les valeurs CMJN seules ne suffisent pas. Il faut connaître les conditions de restitution de cette teinte, pour déterminer avec précision la couleur telle que notre œil la percevra. Il faut donc joindre aux valeurs CMJN des renseignements supplémentaires, ce que permet un profil ICC.
Vous rappelez-vous de l’époque où vous demandiez à vos clients « surtout pas de profil ICC dans les images ! » ? En d’autres termes « surtout ne me donnez pas les informations indispensables à la restitution de la teinte ! Donnez-moi seulement les valeurs CMJN, et je ferai ce que je veux (n’importe quoi ?) avec ! »

 

Je veux du RVB !

Voici comment cela se passe aujourd’hui en amont de l’impression, dans 90% des cas. En lisant ces quelques lignes, vous allez tout de suite comprendre ce qui ne va pas.
Ferrari veut imprimer un calendrier pour mettre en valeur ses jolies voitures rouges. Un photographe se charge des photos, les transmet à l’agence, qui les convertit en CMJN. Pas de bol, l’installation par défaut de Photoshop convertit les images vers le profil US Web Coated (presses rotatives américaines sur papier couché, qui n’ont pas le même rendu que les presses européennes). Comme l’imprimeur ne veut surtout pas de profil ICC (puisque personne n’a pris la peine de lui expliquer à quoi ça sert, ni à l’agence non plus d’ailleurs), on lui fournit des images CMJN sans autre information. Et comme c’est la mode écolo, Ferrari décide finalement d’imprimer le calendrier sur un bel offset 100% recyclé (ok l’exemple est idiot, mais c’est pour bien comprendre). Du coup, l’imprimeur se retrouve avec des images prévues pour du couché sur presses rotatives américaines, alors qu’il imprime sur du papier offset. De son côté, l’agence sort des épreuves numériques sur son système Epson fraîchement certifié Fogra 39… En gros, simulation de l’impression sur du papier couché selon les standards européens. Et au calage, c’est le drame… Relire la petite histoire vraie au début de l’article…

 

Après PSO – une autre histoire vraie

Voici comment cela devrait se passer lorsque tout le monde sera PSO : le photographe fournit toujours ses images en RVB, mais cette fois l’agence les intègre telles quelles dans le PDF transmis à l’imprimeur, sans les convertir ! Ce PDF comporte le profil ICC ISO Coated, ce qui signifie qu’il est prévu pour être imprimé sur du papier couché. Ceci n’est qu’une indication, car les images sont toujours en RVB. L’imprimeur reçoit les fichiers, vérifie le profil ICC, puis demande à son flux prépresse d’effectuer automatiquement la conversion en CMJN ISO Coated. Notre fameux rouge est décomposé en 100% de magenta et 100% de jaune. Finalement Ferrari préfère utiliser du papier offset recyclé. Aucun problème pour l’imprimeur. Il demande juste à son flux de reconvertir les images RVB en CMJN ISO Uncoated. Cette fois, notre rouge est décomposé en 95% de magenta et 80% de jaune. Dans tous les cas, la couleur obtenue est la meilleure possible, dès le début du calage, qui ne dure plus que 15 minutes avant de commencer à rouler !

 

PSO : le remède miracle

Je vais enfin vous révéler ce que PSO veut dire. C’est l’acronyme de Procédé de Standardisation Offset, un manuel de bonnes pratiques professionnelles basé sur un ensemble de normes ISO, dont le but, pour faire très simple, est de permettre à l’imprimeur… d’imprimer correctement. Effectivement, dit comme ça, on a le sentiment que l’imprimeur ne connaît pas son métier. Et pourtant, après tout ce que je vous ai raconté, vous comprenez maintenant que quand le calage se passe mal, ce n’est pas toujours la faute de l’imprimeur…
Comme vous le savez, les principales étapes de création d’un document sont la mise en page, la conversion des images RVB issues d’un scanner ou d’un appareil numérique, la photogravure, la création du fichier transmis à l’imprimeur, les épreuves contractuelles (anciennement cromalins), la production des plaques par le CTP et enfin l’impression. Cette succession d’étapes constitue la chaîne graphique. Elle est constituée très souvent de multiples intervenants : le client, le photographe, le graphiste, le maquettiste, le directeur artistique de l’agence, l’opérateur prépresse de l’imprimeur, l’opérateur CTP, le conducteur de la presse et le chef d’atelier qui assiste au calage… Si chacun interprète à sa manière la teinte d’origine – facteur humain – ou effectue des conversions RVB vers CMJN sans savoir ce qu’il fait réellement – facteur technique – le client risque d’être déçu par le résultat imprimé. Il faut donc d’une part bien comprendre les bases de la gestion des couleurs, et d’autre part standardiser chaque étape de la production, en se donnant les moyens de vérifier que le résultat produit par chaque opération est conforme aux attentes du client.

 

Les normes de PSO

PSO s’appuie sur un ensemble de normes ISO, dont la fameuse 12647-2 qui ne concerne que la dernière étape de la chaîne graphique : l’impression offset. Et la certification PSO se déroule autour de huit thèmes principaux, la plupart étant encadrée par une de ces normes : l’organisation de l’entreprise et sa documentation qualité, la création des fichiers en PAO, la transmission des fichiers (PDF/X – ISO 15930), l’épreuvage numérique (ISO 12647-7), l’épreuvage sur écran (ISO 12646), l’éclairage (ISO 3664), la production des plaques et enfin l’impression offset (ISO 12647-2). Je ne vais pas rentrer dans le détail de ces normes, cela pourrait faire l’objet d’un autre article plus complet. Pour faire court, le but de PSO est de mettre en place chez l’imprimeur (ou l’agence) des méthodes de travail pour permettre aux acteurs de la chaîne graphique de travailler conformément à ces normes. Par exemple, il ne faut pas sortir une épreuve numérique simulant l’impression sur papier couché, si le travail est imprimé sur du papier offset. Autre exemple : être capable de calibrer son écran, car il est très difficile de faire des corrections colorimétriques sur un écran mal réglé… Il faut aussi vérifier la qualité des plaques produites par le CTP, ou encore la qualité des épreuves numériques remises par un client. Il faut anticiper les différents problèmes qui pourraient survenir au moment du calage. On dit souvent que plus un problème est détecté tard dans la chaîne graphique, plus il coûte cher à tout le monde…

 

Les gains réels de PSO

Contrairement à d’autres certifications à la mode (dont certaines relèvent du racket organisé à mon avis), PSO est une certification qui vous permet de maîtriser la chaîne graphique, et d’exploiter pleinement vos logiciels de PAO, votre flux prépresse, et votre parc machines.
Nous avons mis en place dans notre entreprise une démarche PSO fin décembre 2008, alors que seulement quatre autres entreprises étaient déjà certifiées en France (trois avec PAO), et nous avons obtenu la certification le 31 mars 2009, suite à l’audit qui s’est déroulé le 13 mars. Depuis que nous sommes PSO, pas un seul conducteur n’est venu me chercher pour des soucis de mise en couleurs au calage. Le démarrage s’effectue plus rapidement : 15 à 20 minutes et 150 feuilles de passe pour changer de travail en moyenne. Les calages auxquels assistent les clients sont devenus une formalité, à tel point que certains ne se déplacent même plus. Et lorsqu’ils viennent quand même, c’est un vrai plaisir de les recevoir, tout comme c’est un plaisir de voir nos conducteurs offset fiers de reproduire avec fidélité les épreuves numériques des clients.
Notre service prépresse a également beaucoup appris grâce à PSO. Nous ne demandons plus à nos clients de retirer les profils ICC, et même nous leur proposons de traiter leurs images directement en RVB. Et lorsque nous détectons un potentiel problème d’ordre colorimétrique, nous avons les outils pour effectuer les corrections nécessaires, ce qui ne nous empêche pas de sensibiliser nos clients, ou de leur expliquer comment paramétrer leurs logiciels de PAO.
Bien que nous connaissions déjà notre métier avant PSO, nous avons gagné en technique et en professionnalisme, ce qui est très important pour notre image vis-à-vis de nos clients.

 

La préparation à PSO

La décision de se lancer dans l’aventure PSO n’est pas à prendre à la légère. En fonction de votre organisation, de votre parc machines, de votre clientèle, de vos compétences techniques en interne, cela peut prendre de deux à douze mois, la plus grande partie du temps étant consacrée à la formation des équipes.
En effet, PSO est un projet à l’échelle de l’entreprise, dans lequel tout le monde doit s’impliquer : la direction, les commerciaux, les opérateurs prépresse, le chef d’atelier et les conducteurs offset. Chacun est sensibilisé au respect des bonnes pratiques, formé suivant sa fonction dans l’entreprise, doté de procédures claires, responsabilisé sur les points de contrôle de son activité. La direction désigne un chef de projet en interne et lui affirme tout son soutien pour la réalisation du projet. Et comme il faut réapprendre une partie de notre métier, il est indispensable de se faire accompagner par des experts. Par exemple, lorsqu’il s’agit de calibrer une presse offset pour l’amener sur le standard ISO Coated, il faut arrêter la production, sortir du papier, vérifier la linéarisation des plaques CTP, faire plusieurs calages en machine, modifier les courbes d’engraissement de la presse au niveau du flux prépresse, refaire des calages de contrôle, etc. Et c’est à ce moment que l’on se rend compte que la tension des blanchets n’est pas uniforme… (Généralement, le calibrage d’une machine ne se passe bien que si son entretien est effectué régulièrement et avec soin. Voilà de quoi remettre en cause les méthodes de travail de certains…)
C’est pourquoi il vaut mieux se faire accompagner pendant cette préparation. L’expert ne vous fera pas perdre votre temps en calages inutiles si auparavant la presse n’est pas au top. Et si jamais il y a des soucis lors des essais, il pourra sortir son microscope électronique, étudier la trame imprimée, et montrer qu’il y a de la poudre antimaculage qui s’est déposée sur le blanchet du groupe du noir, devant les yeux ébahis du conducteur…
Un expert peut également vous apprendre à mieux utiliser votre flux prépresse, et en général tous les logiciels Adobe et Quark. D’ailleurs très souvent, vous avez déjà les outils nécessaires pour faire de la bonne gestion des couleurs. Mais trop souvent, personne ne les a paramétrés comme il faut, ni ne vous a expliqué comment s’en servir… Par exemple, si votre flux prépresse tourne avec un moteur Adobe PDF Print Engine, je suis quasiment certain que vous n’avez besoin d’aucun investissement supplémentaire de ce côté, sinon peut-être l’activation d’une option ou deux, à négocier auprès de votre fournisseur.
Par contre, attention aux « experts » qui ne prennent pas le temps de comprendre comment vous fonctionnez, ni même à vous expliquer tout l’aspect technique et méthodologique de PSO, mais qui proposent une solution clé en main, à grand renfort de logiciels assez onéreux, pas toujours nécessaires… On peut aussi vous proposer des outils informatiques pour compenser les défauts de vos presses, en effectuant des calculs complexes sur vos fichiers PDF afin de les « adapter » à vos machines… Je préfère comprendre pourquoi la machine présente des défauts… Un manuel qualité tout prêt à apprendre par cœur et réciter le jour de l’audit ? Justement, ce qui est passionnant dans cette préparation, c’est de mettre à plat ses méthodes de travail actuelles, de se rendre compte de ce qui ne va pas, et de prendre les mesures pour éviter que cela se reproduise ! Un exemple tout bête : si votre client fournit une épreuve numérique, il faut absolument la vérifier avec un spectrophotomètre avant de l’amener en machine. Imaginez qu’elle ne soit pas conforme au standard, le conducteur va perdre un temps fou avant de comprendre que le problème ne vient pas de sa machine ! Et si cette épreuve numérique ne comporte pas de barre de contrôle (MediaWedge pour les initiés) ? Pas de problème, votre opérateur prépresse doit en sortir une, éventuellement la comparer visuellement à celle fournie par le client, et la mettre dans le dossier. Cela semble évident comme ça, mais qui travaille réellement ainsi ? Tout va tellement vite qu’on n’a plus le temps de rien ! Alors oui, rédiger les procédures qui constituent le manuel qualité prend du temps et demande de la rigueur. Mais en impliquant les différentes équipes lors de sa rédaction, vous obtiendrez une prise de conscience générale qui ne pourra qu’être bénéfique pour votre organisation. C’est quand même mieux que de payer plus cher pour avoir un manuel qualité PSO tout fait, non ?
À mon humble avis, un expert est là pour vous accompagner, pour vous assister techniquement, pour vous éviter de partir dans une mauvaise direction, mais surtout pour vous faire travailler. C’est comme ça que l’on apprend le mieux. Merci à Alain Delauney, Nicolas Houbart et leurs collègues de nous avoir accompagnés (et souvent remonté le moral) tout au long de cette aventure. J’ai beaucoup apprécié l’engagement de leur équipe à nos côtés.

 

Le jour de l’audit

Le jour J, deux auditeurs de l’Ugra se déplacent pour évaluer de 8h à 17h tous les points évoqués précédemment. Un ou plusieurs représentants de chaque service sont interviewés : prépresse, commercial, conducteurs offset, même la direction y a droit. Puis le calibrage des différents matériels est évalué : écran graphique, cabine de lumière, Epson, CTP… Enfin vient le moment du calage et du tirage sur nos presses. Tout est analysé avec soin, même les eaux de mouillage ! Ensuite pendant le tirage de 2 000 feuilles, un prélèvement est effectué toutes les 200 feuilles, qui partiront en Suisse pour être mesurées. À la fin de la journée se tient le débriefing auquel tout le monde participe. Il ne nous reste plus qu’à attendre le résultat des mesures du tirage de chacune des presses.

 

La face cachée de PSO

Peut-être commencez-vous à comprendre pourquoi, au moment où j’écris ces lignes, nous ne sommes que huit en France à être certifiés PSO ? Je vous ai beaucoup parlé de l’aspect formation et implication de toutes les équipes. Qu’en est-il au sujet de l’équipement matériel ? Eh bien, j’ai envie de dire qu’il n’y a que des cas particuliers. Nous avons tous un parc machines différent, avec des presses plus ou moins récentes, un flux prépresse configuré différemment, lui aussi plus ou moins à jour, des CTP avec des technologies de plaques différentes… Je vais essayer néanmoins de vous donner quelques indications.
Commençons par l’audit réalisé par l’Ugra : [5 500] euros pour la journée, plus quelques frais de déplacement. La certification d’une presse est incluse dans ce tarif. Il faut compter 650 euros de plus par presse supplémentaire.
Si vos presses sont récentes (moins de trois ans), et déjà équipées au pupitre d’un lecteur de barres de contrôle spectral, avec correction en ligne des vis d’encriers, et reliées à votre flux prépresse pour récupérer les courbes d’encrage, j’ai une très bonne nouvelle pour vous : tout va très bien se passer, pas besoin de sortir votre chéquier.
Dans les autres cas, il faut savoir qu’un lecteur de barres de contrôle spectral coûte entre 12 000 et 25 000 euros, et que le plus souvent il ne sera pas connecté à votre machine pour effectuer des corrections sur les vis d’encrier. Un tel appareil est indispensable pour être certifié PSO, car il faut prouver que vous tirez au standard et que vous suivez le tirage, aussi bien en densité, qu’en Delta E et qu’en engraissement. Par contre, si vos machines sont anciennes, les calibrer risque d’être un peu plus difficile. Ceci dit, j’ai réussi à calibrer ma petite presse GTO 4 couleurs qui a presque dix ans ! J’obtiens un rendu très proche de mes autres presses qui ont moins de trois ans.
Au niveau du flux prépresse, comme je l’ai dit précédemment, il est préférable d’avoir un flux Adobe PDF Print Engine. C’est le cœur de votre système, ce que certains appellent encore le RIP, mais en version beaucoup plus évoluée. C’est lui qui s’occupe par exemple de la conversion RVB vers CMJN en fonction du profil souhaité. Cela dit, il n’est pas indispensable. Il faut seulement que votre flux soit capable de prendre en charge des fichiers PDF/X. Selon que vous devrez investir dans un nouveau flux ou seulement dans une mise à jour, le montant de la facture sera évidement très différent, de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’euros… Mais ne pensez-vous pas que le prépresse est devenu un centre névralgique dans votre imprimerie ?… N’hésitez pas à contacter votre fournisseur de flux prépresse pour en parler. Et s’il ne connaît pas parfaitement PSO sur le bout des doigts (je vais jeter un pavé dans la mare), vous feriez mieux de changer de crèmerie…
Pour en finir avec le prépresse, vous devrez vous équiper d’un petit spectrophotomètre. Comptez 1 500 euros pour la version de luxe, mais c’est un outil indispensable pour calibrer votre chaîne graphique et vos écrans.
Au sujet des écrans, vous n’êtes pas obligés de posséder un écran graphique calibré si vous ne faites pas de photogravure en interne. Cependant, rien ne vous empêche d’en avoir un pour comparer rapidement la qualité des épreuves fournies par vos clients, si celles-ci ne sont pas certifiées… Comptez autour de [1 500] euros.
Vous devez par contre utiliser un éclairage calibré en machine. Vérifiez que vos néons sont à 5 000 K. Sinon, il faut compter autour de 30 euros le néon. Leur durée de vie est de 2500 heures. Vous pouvez également vous équiper d’une cabine de lumière au prépresse, un bon complément d’un écran graphique. Entre 1 000 et 2 000 euros selon sa taille.
Et bien sûr, rajoutez à cela le montant de la formation et de l’accompagnement, entre 15 000 et 30 000 euros selon les compétences que vous avez déjà en interne.

 

Conclusion

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? La réponse est incontestablement OUI. D’une part, vous n’avez plus peur des profils ICC (ce qui n’est pas rien), vous savez de quoi vous parlez lorsqu’un client vous demande si vos épreuves numériques sont ISO Coated (même s’il s’agit d’un raccourci de langage…), vous avez identifié les différents points d’achoppement qui vous empêchaient de bien travailler et de bien imprimer. D’autre part,  vous gagnez du temps au calage, et vous vous êtes réconciliés avec vos clients (ça aussi, ce n’est pas rien). Vous pouvez les conseiller, les aider à mieux travailler aussi. Tout le monde y gagne.
Mais surtout, vous vous préparez au futur, pour ne pas être exclu de la cour des grands le jour où certains de vos clients exigeront que vous soyez PSO ! Ils l’ont fait très récemment avec d’autres certifications… Pourquoi pas PSO ? Puisque le but est d’obtenir en machine ce que l’on a sur une épreuve numérique… Et rappelez-vous nos amis chinois ou thaïlandais, qui sont PSO, comme bientôt vous et déjà moi… Pourquoi s’embêtent-ils à ce point ? Tout simplement pour gagner la confiance de potentiels clients français et européens. Pour leur prouver qu’ils peuvent imprimer avec la même qualité qu’un imprimeur français… Un imprimeur français PSO, bien sûr !

Frédérik Le Corre
directeur général de l’imprimerie Grafik Plus, à Rosny-sous-Bois

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