ISO 20654 normalise le calcul des valeurs tonales des tons directs imprimés

Pour mesurer et calculer les valeurs tonales des tons directs imprimés, l’ISO a proposé en 2017 la norme 20654, aujourd’hui implémentée dans les principaux systèmes prépresse…

Le calcul des courbes cibles de l’élargissement du point de trame (TVI) défini par l’ISO 12647 fait appel aux équations de Murray-Davies. Il s’agit, pour mesurer une valeur de trame, de comparer la valeur de densité du patch tramé aux valeurs de densité du support (papier, par exemple) et de l’aplat (appelé couleur solide). Rappelons que la densité mesurée sur une surface imprimée est un rapport entre la mesure du flux lumineux réfléchi par le support (papier) et celle du flux lumineux réfléchi par la couleur imprimée. Or, pour mesurer le flux lumineux des couleurs cyan, magenta et jaune, force est de faire appel à des filtres respectivement rouge, vert et bleu (synthèse soustractive des couleurs…) afin d’isoler les ondes électromagnétiques composant le flux lumineux concerné. Et ces filtres et modes de mesure ont depuis longtemps été standardisés sous les noms de “Status T” ou “Status E”.

Valeurs spectrales plutôt que densité

En revanche, utiliser ces équations de Murray-Davis pour le calcul de valeurs intermédiaires imprimées en tons directs n’est pas opérationnel, car il faudrait quasiment disposer d’un filtre personnalisé pour mesurer la densité imprimée de chaque ton direct. À défaut, les filtres des Status T ou E peuvent donner des résultats exploitables pour certains tons directs, mais, pour une grande majorité ils renvoyent des valeurs d’engraissement élevées peu en rapport avec la perception visuelle de ces tons directs tramés.
L’ISO a donc fait le choix d’utiliser directement les valeurs colorimétriques spectrales (ou à défaut les valeurs LAB) pour mesurer et calculer les valeurs cibles intermédiaires dites SCTV (Spot Color Tone Value), avec l’idée de répartir régulièrement les différences colorimétriques entre la valeur colorimétrique du support et celle du ton direct à l’aplat.
Une équation faisant appel au bien connu 😉 théorème de Pythagore définit ainsi, dans l’ISO 20654, le moyen de calculer un pourcentage intermédiaire entre le 0 % du support et le 100 % du ton direct. La valeur intermédiaire cible est toujours définie selon une courbe linéaire, c’est-à-dire qu’une impression de points de trame à 50 % doit renvoyer la valeur SCTV de 50 %. Et la valeur colorimétrique correspondant à ce patch de 50 % sera de fait à équidistance en termes de ∆E de celles du support et de l’encre à l’aplat, d’où le nom de Linear ∆E pour cette méthode.

Courbe SCTV (en orange) comparée à la courbe calculée selon l’équation de Murray-Davies (en bleu).
Sources : X-Rite

Calcul des courbes SCTV

Si une courbe SCTV standardisée est bien linéaire, ce n’est cependant pas le cas de la courbe géométrique qui relie, dans l’espace colorimétrique XYZ ou dans l’espace LAB, les valeurs colorimétriques du support et de l’encre à l’aplat. Car l’ISO prévoit en effet dans son équation des facteurs pondérateurs pour que la gradation cible corresponde le plus possible aux véritables réactions de notre œil aux stimuli visuels. En d’autres termes, les éléments de l’équation intègrent des fonctions similaires à celle du CIE L* (le L du CIE LAB). Par conséquent, entre le 0 % du papier et le 100 % du patch imprimé, la linéarité de la courbe SCTV cache une non-linéarité mathématique qui tend à adapter la taille du point de trame à la réponse non linéaire de l’œil humain.

Calibrage des tons directs en pratique

En pratique, naturellement, c’est l’instrument ou le logiciel qui se charge du calcul des valeurs SCTV. La procédure est alors assez similaire au calibrage CMJN par courbes de compensation des valeurs tonales appliquées juste avant la confection des plaques ou l’impression numérique. On calcule au préalable la valeur de densité optimale (l’épaisseur d’encre) pour obtenir la bonne colorimétrie du ton direct à l’aplat. On imprime alors selon cette densité une charte de gradation contenant un certain nombre de patchs, que l’on mesure ensuite au spectrophotomètre. Le logiciel ou directement l’instrument renvoie les valeurs de compensation à entrer dans le RIP ou dans un logiciel en frontal du RIP. Bien évidemment, cette procédure n’a d’intérêt que si l’on souhaite imprimer des tons directs tramés….

Branche Imprimerie ?

Formez-vous en 2024 à la “couleur” !

Les projets sont finançables à 100% par l’OPCO-EP.